Synopsis
À Londres, dans un futur rapproché, Qohen Leth est un informaticien
qui n'a qu'une seule envie : découvrir le but de l'existence humaine. Sous
la supervision d'un homme mystérieux nommé Management, il doit résoudre le Zero
Theorem, une formule mathématique provenant de la théorie du Big Crunch qui
pourra lui expliquer le sens de l'univers. Travaillant dans une église où il a élu domicile, il
désire se concentrer sur cette tâche, mais certaines distractions se présentent,
dont Bainsley, une femme qui tente de le séduire et le fils de Management, Bob.
Critique
THE ZERO THEOREM est le tout nouveau film du
réalisateur Terry Gilliam, notamment reconnu pour ses films de science-fiction
12 Monkeys et Brazil, ainsi que sa participation comme membre des Monty Python,
une troupe d'humoristes célèbres. Ce n'est peut-être pas dû au hasard que
le visionnement de ce film au festival Fantasia a eu lieu durant le même jour
que le spectacle de réunion des Monty Python.
La projection du film a débuté par un message
enregistré du réalisateur. Il nous explique qu'il n'a pas pu venir à la
projection, car une personne a enduit sont fauteuil de crazy-glue et il est
littéralement collé sur son siège. Il nous parle de son film et du fait que la
technologie est en constante évolution. Les gens « tweetent » les
choses les plus insignifiantes. Et si René Descartes était encore vivant il
nous dirait : Je tweete, donc je suis!
Christoph Waltz que l'on a connu grâce à ses
rôles mémorables dans Inglorious Bastard et Django Unchained donne ici une excellente performance. En plus d'être méconnaissable, car il a dû raser ses
cheveux et ses sourcils, il a l'occasion de démontrer ses talents d'acteur lors
de l'interprétation de Qohen Leth, un homme émotionnel et beaucoup plus sérieux
que les personnages des films de Quentin Tarantino. Qohen est un homme troublé
et réservé. Il ne semble plus avoir aucun plaisir à vivre et désire mourir.
Lorsque questionné sur ce qu'il ressent, il répond qu'il ne ressent plus aucune
émotion. Il occupe initialement le poste « d'entity cruncher », un
emploi qui ne semble avoir aucun but. Tout ce qu'il désire est de rester près
de son téléphone en attente d'un appel qu'il croit lui permettra démêler les
mystères de l'univers et de son existence. Il obtient ce qu'il veut
lorsque son patron lui offre de résoudre le théorème Zéro, donc prouver que
tout l'Univers n'a aucune signification, chose qu'il pourra faire chez lui.
Il se réfère toujours en utilisant le pronom « nous ». Lui qu'il répète deux fois durant le film qu'il préfère qu'on ne le touche pas,
il découvrira sa sexualité par l'entremise de Bainsley (Mélanie Thierry) et
développera une amitié avec le fils de Management, Bob (Lucas Hedges). Ce qui est intéressant avec ces deux
personnages est qu’on a initialement une opinion négative d’eux :
Brainsley est une blonde qui utilise son corps pour séduire et Bob est
seulement un adolescent. On se rendra compte qu’ils ont beaucoup à donner à
Qohen : par le biais d’une interface de réalité virtuelle, Brainsley
développera une relation émotionnelle avec Qohen et Bob est beaucoup plus sage
que l’on pense, car il a sa propre opinion sur l’Univers. Malgré le fait
qu'il joue le rôle minimal de Management, Matt Damon interprète également bien
son personnage, tout comme Tilda Swinton qui personnifie le psychologue de
Qohen.
Le film est marqué par l'utilisation minimale
d'effets spéciaux, de même que des décors futuristes impressionnants. Le futur
imaginé par le réalisateur est quand même assez réaliste. Notons la présence
envahissante de publicités, il n'y a pas de voitures volantes et les
ordinateurs semblent être un hybride entre une console de jeu vidéo et une
tablette électronique. Durant une scène de party, tous les gens ont les yeux
rivés sur leur iPad et iPhone, ce qui est semblable à ce qu'on peut voir
aujourd'hui.
Étant gamer et possédant un baccalauréat en
mathématiques, j'ai trouvé les séquences où le personnage principal essaie de
résoudre le théorème dans ce qui ressemble à un jeu vidéo intéressantes. Il
doit changer l'emplacement de blocs d'équations mathématiques, ce qui change
d'autres résultats faisant exploser d'autres blocs.
Pour son caractère philosophique, THE ZERO
THEOREM n'est certainement pas pour tout le monde. C'est un drame de
science-fiction ponctué de quelques moments humoristiques où certaines blagues
tombent à plat. Mais pour ceux qu'il intéresse, vous serez peut-être déçus par
son dénouement, car il ne nous donne pas réellement une réponse aux questions
existentielles : Qui sommes-nous, d'où venons-nous, où allons-nous? Nous
devons donc continuer à trouver nous-mêmes les réponses à ces questions.