⭐️⭐️⭐️⭐️ Le film THE SEED OF THE SACRED FIG a causé la surprise lors de sa projection à Cannes où il s'est vu décerner plusieurs prix dont le prix spécial du Jury. Avec toute l'histoire derrière le film et de son réalisateur Mohammad Rasoulof condamné à la prison dans son pays, il mérite amplement d'être vu.
Le ficus religiosa est un arbre qui a un cycle de vie inhabituel. Les graines qui s'échappent des oiseaux tombent sur d'autres arbres. Les racines prennent vie dans les airs et grandissent vers le sol. Et leurs branches étranglent l'arbre qui meurt pour ne laisser que le figuier sauvage...
Iman [Missagh Zareh] est un avocat qui vient tout juste d'être promu comme enquêteur, le dernier pas avant de devenir un juge. Il a un meilleur salaire et aura une nouvelle maison. Il doit de plus, porter une arme pour se défendre au cas-où. Il vit avec sa femme Najmeh [Soheila Golestani] et ses deux filles Sana et Rezvan [Setareh Malek et Mahsa Rostami]. Sa promotion n'est pas sans problèmes: il doit garder secret son nouvel emploi et faire ce qui est demandé sans rouspéter comme de signer l’exécution de plusieurs détenus sans lire les preuves. Un jour, il perd son arme dans sa maison. Qui d'entre sa femme ou ses deux filles lui ment et a pris son arme?
THE SEED OF THE SACRED FIG a été tourné dans le plus grand secret. Il aurait bien pu ne pas voir le jour. On peut donc se compter chanceux de le voir sur grand écran. Un des aspects les plus notables du film est qu’il se passe durant le mouvement Femme, Vie, Liberté contre le port du voile qui a soulevé les foules suite à la mort de Mahsa Amini alors qu’elle était mise en arrestation par la police. Pendant l’intrigue, on voit plusieurs vidéos des véritables manifestations qui ont dégénéré. On dépeint donc une période qui n’a pas été vue en Occident.
L’intrigue est imprévisible, tout comme Iman, dont on ne sait jamais comment il va réagir. Elle débute par un drame familial pour se transformer en un thriller où le personnage principal devient de plus en plus paranoïaque. J’ai donc trouvé cette histoire bien captivante qui évolue comme un crescendo jusqu’à la toute dernière scène. Le film n’est jamais ennuyant et les 2 heures 47 minutes que dure le film passe rapidement sans aucune longueur.
Tous les acteurs me sont inconnus. Ils donnent néanmoins des performances exemplaires. Les trois personnages féminins sont jouées par des actrices qui ne portent pas le voile, ce qui est interdit. On doit donc saluer leur courage en plus de leurs performances authentiques. Soheila Golestani dans le rôle de la mère qui est initialement entièrement dévouée à son mari, mais change le ton lorsque ses filles sont menacées. On aime son personnage. Missagh Zareh dans le rôle du père aux idées arriérées est excellent et joue facilement un homme qui devient peu à peu dérangé.
THE SEED OF THE SACRED FIG prend l’affiche au Québec le 17 janvier.
