Présenté pour la première fois au Festival Sundance au mois de janvier dernier, MANDY avait reçu un accueil chaleureux de la part de la critique. Le nouveau long métrage du cinéaste italo-canadien Panos Cosmatos était tellement attendu au Festival Fantasia que la projection s’est déroulée ce soir à guichets fermés.
"When I die, bury me deep
Lay two speakers at my feet
Put some headphones on my head
and rock'n'roll me when I'm dead"
L’histoire se déroule en 1983, le bûcheron Red Miller [Nicolas Cage] vit paisiblement avec sa copine artiste Mandy [Andrea Riseborough] dans une cabane dans les bois à Shadow Mountains. L’arrivée de Jeremiah Sand [Linus Roache], gourou de la secte Children of the Dawn et de ses disciples viendra chambouler la vie du couple. Dès le premier regard, Jeremiah est attiré par Mandy et veut absolument qu’elle rejoigne sa secte. Il demande donc à Brother Swan, l'un de ses disciples de la kidnapper. Ce dernier utilise la Horn of Abraxas et fait appel aux Black Skulls, un trio de créatures cauchemardesques (et adeptes de VTT). Ils kidnappent Mandy et ligotent Red à l’aide d’un fil barbelé. Jeremiah tente de séduire Mandy, mais rate complètement son coup. Humilié devant ses disciples, il commet alors un acte impossible à pardonner. Libéré de ses liens, Red jure de se venger et cette vengeance sera terrible!
MANDY est un film d’auteur. Les cinéphiles habitués au cinéma hollywoodien trouveront particulièrement pénible la première moitié du film où le style l’emporte sur le contenu. Présentée principalement selon le point de vue de Mandy et des membres de la secte, cette partie se déroule d’un pas lent délibéré comme dans un rêve. À divers moments, l’image devient saturée rouge, ce qui donne la sensation d’être dans un cauchemar interminable. La séquence où Mandy est sous l’effet d’une drogue met le spectateur en transe, on a l’impression d’halluciner. Le visage de Jeremiah semble alors se métamorphoser en celui de Mandy, l’effet est saisissant.
Heureusement, la cinématographie change et le film prend une tournure plus conventionnelle lors de la seconde moitié. Red, le personnage interprété par Nicolas Cage est mis à l’avant. Avez-vous toujours rêvé de voir l’acteur lâcher son fou? MANDY comporte une scène d’environ deux minutes où l’acteur oscarisé est en culottes et ne fait qu’exprimer la rage et peine de Red en buvant de la vodka. Armé d’une arbalète et d’une énorme hache dont la forme est impossible à décrire et sous l’effet de l’alcool, de la cocaïne et d’une substance inconnue, Red terrassera ses adversaires un par un. Nicolas Cage s’adonne entièrement dans la furie du personnage. Avec ses moments WTF, son humour intentionnel, ses belles scènes de mort et des séquences de rêve animées qui semblent être tirées du magazine de science-fiction Heavy Metal, MANDY saura ravir le public. Pour ma part, voir Nicolas Cage se battre dans un duel de scies électriques en vaut le déplacement. De plus, la publicité Cheese Goblin est probablement la chose la plus bizarre que vous verrez au cinéma cette année.
Par son style et ses idées bizarres, MANDY deviendra dans aucun doute un film culte.