⭐️⭐️⭐️½ Fort des succès de ses deux premiers films Hereditary et Midsommar qui ont tous les deux connu un succès phénoménal, Ari Aster nous revient avec BEAU IS AFRAID.
Un homme paranoïaque se lance dans une odyssée épique pour retrouver sa mère dans ce nouveau film audacieux et ingénieusement dépravé du scénariste et réalisateur Ari Aster. [Synopis officiel Sphère Films]
Attention cette critique comporte plusieurs spoilers!
BEAU IS AFRAID est une fresque cinématographique en quatre parties distinctes. Ari Aster a commencé l’écriture de son scénario il y a 10 ans et l’a peaufiné plus récemment après la sortie de Midsommar. Ce serait, selon ses dires son film le plus personnel à date. Il a l’habitude de mettre en scène des personnages traumatisés et dans BEAU IS AFRAID, il fait de même en introduisant Beau Wassermann qui a peur de tout. C’est un homme de 48 ans qui semble n’être jamais sorti des jupes de sa mère. Il a la voix faible et est un éternel adolescent. Il fait de l’anxiété, prend des médicaments et suit un psychiatre [Stephen McKinley Henderson]. Ce qui n’aide pas est qu’il vit dans un quartier sale où les gens sont toxicomanes, lorsqu’une personne tente de se jeter en bas d’un immeuble, il devient une source de divertissement et il y aurait un fou furieux qui poignarde les gens aléatoirement. Sa mère est sa seule source de confort, mais il est codépendant d’elle et la relation est plutôt tendue. Il doit aller la voir pour l’anniversaire de la mort de son père, mais lorsqu’il ne plus y aller, il se sens extrêmement coupable. Cette culpabilité le suit partout. On apprendra que sa mère contrôle une grande partie de sa vie jusqu’à écouter ses sessions avec son psychiatre à son insu. Lorsque Beau subit un accident et est poignardé par le fou furieux, il est recueilli chez Roger [Nathan Lane] et Grace [Amy Ryan] qui le traite comme leur fils décédé à la guerre. Il lui mettent un bracelet électronique pour pouvoir le localiser tout le temps. Ils ont également une fille adolescente Toni [Kylie Rogers] en crise existentielle qui est jalouse de l’attention que Beau reçoit. Lorsque cette dernière décède, Beau s’enfuit dans la forêt poursuivi par Jeeves [Denis Ménochet], un ami de la famille qui souffre de choc post-traumatique. Il rencontre alors une troupe de théâtre ambulant qui présente un spectacle qui est une allégorie de la vie de Beau. Ce chapitre est remarquable par ses scènes d’animation créées par Cristóbal León et Joaquín Cociña. Dans le quatrième chapitre, Beau revient dans sa maison familiale et y revoit Elaine [Parker Posey] celle qui lui a donné son premier baiser alors qu’il était adolescent. Il a également une confrontation avec sa mère Mona [Patti LuPone] qui lui exprime toute sa colère et lui fait des révélations. Il aurait un frère jumeau enfermé dans le grenier et son père qu’il avait cru décédé avant sa naissance est un monstre en forme de pénis. Je n’ai pas trop compris ce que signifie ce monstre et comment peut-il être le père de Beau. Je mettrais ce texte à jour si jamais j'ai une interprétation.
Tous les acteurs donnent des performances impressionnantes, mais il en revient à Joaquin Phoenix de porter le film sur ses épaules. Beau est un homme pathétique, mais on sympathise avec lui grâce à la performance phénoménale de l’acteur. Il n’a pas peur de sortir de sa zone de confort et de se dénuder pour une scène. Beau a l’innocence d’un adolescent et vit dans un monde trop fou pour lui. On est témoin de son cauchemar en quatre chapitres.
Le production est remarquable. Le tournage s’est fait à Montréal et depuis que j’ai vu le film, je me demande dans quelle rue s’est fait le tournage de la première partie du film qui se déroule dans un quartier chaotique et violent. Le réalisateur travaille de nouveau avec le cinématographe Pawel Pogorzelski qui place le spectateur dans l’intimité de Beau. Le film est absurde, claustrophobe et surréaliste. On ne comprend pas tout, mais c’est un film à découvrir au moins une fois!
BEAU IS AFRAID prend l’affiche le 21 avril en Amérique du Nord.