ME AND EARL AND THE DYING GIRL est un film indépendant qui avait défrayé les manchettes au mois de janvier dernier après l'accueil chaleureux reçu (ovation debout) durant sa Première. Il a remporté le Prix du Public et celui du Jury lors de la dernière édition du festival Sundance.
J'ai eu la chance de le visionner lors d'une projection spéciale (et gratuite!) à l'Université de Montréal durant le mois d'avril. N'ayant pas vu le trailer avant la projection ni lu le synopsis, je n'avais aucune idée à quoi m'attendre. Est-ce qu'il mérite son succès? Tout à fait! Si vous n'avez pas encore vu le trailer, je recommande de ne PAS le regarder AVANT de voir le film, car il en dévoile beaucoup trop sur le scénario. Et je conseille également de lire le reste de ma critique qu'après avoir vu le film. Même si elle ne contient aucun spoiler, j'ai tendance à trop mettre de détails et le moins que vous en savez du film, mieux ce sera.
ME AND EARL AND THE DYING GIRL est l'adaptation cinématographique éponyme du roman pour jeunes adultes écrit par l'auteur Jesse Andrews. Je viens tout juste de finir de le lire. Chose étonnante, personnellement j'ai préféré le film au livre, mais comme ce dernier n'a que 180 pages, il se lit rapidement et d'une traite. Le cinéaste Alfonso Gomez-Rejon qui a entre autres, travaillé comme assistant personnel pour Martin Scorsese signe ici son deuxième long-métrage. Il a conservé l'humour et a pris certaines phrases intégralement du roman. Cependant, il y a plusieurs petites différences telles que le physique des personnages et des événements ont étés ajoutés ou omis. Je ne m'attarderai pas d'avantage là-dessus.
Comme dans le livre, le film est raconté selon le point de vue de Greg Gaines. Il nous décrit qu'il a été un cinéaste amateur durant plusieurs années. Il a décidé de prendre sa retraite après avoir réalisé le "Worst Film Ever Made". Ce film est selon lui, tellement mauvais qu'il a causé le coma et la mort d'une personne qui l'aurait visionné!
Il narrate l'histoire depuis le début: "It was the best of times: it was the worst of times." Étudiant en dernière année à l'école secondaire, Greg ne fait partie d'aucune clique. Il est une personne qui agit comme on s'attend d'elle au lieu d'être réellement elle-même. Ses amitiés sont donc superficielles. Il n'a pas vraiment d'amis, sauf pour Earl son "collègue de travail" et la belle Madison, une "Hot girl who is also sympathetic good-hearted and will not intentionally destroy your life." qui est un éléphant écrasant un écureuil (Greg) sans s'en rendre compte.
Earl et Greg se connaissent depuis l'enfance et partagent la même passion pour le cinéma d'art et d'essai. Le duo a réalisé 42 courts-métrages. Leur méthode consiste à modifier le titre d'un film populaire et de réaliser un film à partir du titre modifié. Un exemple: Clockwork Orange devient Sockwork Orange. Ce court-métrage met en vedette une marionnette faite à partir d'une chaussette buvant un verre de jus d'orange. Pour la liste complète de leur filmographie ou si vous êtes curieux de connaître les titres parodiés, veuillez consulter cet article:
La mère de Greg (Contrairement au roman, les parents de Greg n'ont pas d'autre nom que Greg's Mom ou Greg's Dad) le force à passer du temps avec Rachel qui a récemment appris qu'elle souffre de leucémie myéloïde aiguë. Ne vous inquiétez pas trop! Greg nous assure à deux reprises que Rachel ne va pas mourir. Les événements qui entourent cette nouvelle amitié permettra le passage de Greg à l'âge adulte.
Contrairement à plusieurs films d'ados, celui-ci n'est pas bourré de clichés. Vous vous attendez peut être à un film où les deux protagonistes sont initialement amis et développent une relation amoureuse par la suite... (Si vous êtes de ceux qui suivent mon blogue, vous savez que les films romantiques est le genre que je déteste le plus.) Non, ils ne tombent pas amoureux l'un de l'autre, mais ils développent une belle amitié.
ME AND EARL AND THE DYING GIRL est initialement une comédie qui se transformera au fil de l'histoire en drame. Le changement de ton se fait de manière si progressive que le spectateur ne s'en rend pas vraiment compte. Lorsque l'humour disparaît et laisse place au drame, certaines scènes touchantes et émotionnelles arriveront peut-être à vous tirer les larmes des yeux. (Je suis certaine d'avoir entendu des gens sangloter au moins à deux reprises durant le visionnement. Okie... Je vais l'avouer, j'avais de la difficulté à retenir mes larmes pendant une scène T_T). Les jeunes acteurs qui jouent à merveille durant l'ensemble du film, donnent une performance encore plus convaincante dans ces séquences.
Vous le remarquerez certainement, le film est doté d'une cinématographie impeccable. Le directeur photo est Chung-hoon Chung. Si ce nom ne vous dit rien, rappelez-vous de la manière dont les scènes étaient tournées dans Oldboy et Sympathy for Lady Vengeance de Chan-Wook Park.
En plus des belles prises de vue, la bande originale composée par Brian Eno se démarque. J'ai particulièrement aimé l'utilisation de la mélodie The Big Ship durant ce qui est selon moi, LA séquence magistrale du film. Je ne décrirai pas exactement ce qui arrive à ce moment-là, mais sachez qu'en plus d'être envoûtante c'est la scène du film qui m'a fait pleurer.
Le film comporte également quelques petites surprises telles que des petites scènes d'animation stop-motion (celles-ci ne sont malheureusement plus utilisés lors de la tournure dramatique de l'histoire.) Le caméo vocal de Hugh Jackman (pour ceux qui se le demande, c'est bel et bien sa voix que l'on entend, son nom apparaît au générique) est un autre moment amusant du film.
Pour conclure, j'ignore exactement pourquoi ME AND EARL AND THE DYING GIRL m'a conquise. Je crois néanmoins que mon expérience aurait été différente si j'avais lu le roman avant de visionner le film. Un film unique, mon coup de coeur de l'année 2015. À voir absolument au cinéma lorsqu'il sortira en salles le mois prochain!