Lors d’une violente tempête de neige, Bruce Landry, saoul
au volant de sa déneigeuse, heurte à mort un homme. Au lieu de contacter les
autorités, il enfouit le corps sous un amas de neige. Il se réveille, perdu au
milieu d’une forêt. Peu importe le chemin qu’il prend, il retourne toujours au
même endroit, à côté de sa déneigeuse. Bruce commence à perdre le contrôle de
lui-même, tant au niveau moral que mental.
Critique
Whitewash est le tout premier long-métrage du réalisateur
québécois Emanuel Ross-Desmarais qu’il a co-écrit avec le scénariste Marc
Tulin. Ce film a gagné le prix du Best New Narrative Filmmaker lors de sa
première mondiale présentée lors de la dernière édition du Festival du film de
Tribeca. Après avoir été présenté dans plusieurs festivals à travers le monde,
il arrive officiellement dans les salles de cinéma au Québec.
Lorsque j’ai vu la bande-annonce de ce film au cinéma, j’ai
été initialement attirée par l’atmosphère mystérieuse qui y règne. Je dois vous
avouer que je ne regarde que rarement des films québécois.
Le fait que Bruce cache le corps de Paul semble défier
toute logique. Pourquoi ne pas avoir alerté les autorités? Est une excellente
question à se poser.
Le film met en vedette hollywoodienne Thomas Haden-Church
dans le rôle principal de Bruce Landry, ainsi que Marc Labrèche qui interprète
Paul Blackburn.
Bruce est un personnage complexe. La culpabilité le ronge
et il sombre peu à peu à la folie. Il se parle à haute voix et commence à
penser que sa déneigeuse épie ses moindres faits et gestes. Il est un homme
solitaire et les rares fois qu’on le voit interagir avec des gens, cela semble
« akward ». Thomas
Haden-Church est phénoménal dans ce rôle. Il personnifie parfaitement cet homme
vulnérable qui a tout perdu. Au début du film, vous aurez du dédain pour lui,
mais vous éprouverez de la sympathie lors du dénouement. Les scènes ont été
tournées dans le Nord québécois et on a vraiment l’impression que l’acteur est
en train de geler dans certaines scènes.
Marc Labrèche est également excellent dans son rôle. Il
semble à l’aise à donner la réplique à Thomas Haden-Church en anglais, sa
langue seconde. Malgré le fait que son
personnage se fait tuer dès la toute première scène du film, vous aurez
l’occasion de le revoir durant les flash-backs. Il est un homme mystérieux,
particulièrement instable et comme on dirait en bon québécois, il est
« tannant ». Comme l’a dit le
scénariste Marc Tulin juste avant la première Montréalaise du film : « Marc
Labrèche est enivrant et éblouissant ». Les deux personnages ont un passé
difficile. Bruce a perdu sa femme qui a succombé au cancer et son permis de
conduire pour 3 ans lorsqu’il a été surpris à boire de l’alcool durant le
travail. Paul Blackburn croule sous les dettes. Durant les scènes qui ont lieu
dans le passé, on apprend que les deux se sont rencontrés par hasard quelques
jours avant l’accident alors que Paul tente de se suicider.
La cinématographie est belle. L’hiver québécois ardu y
est mis en évidence. La forêt représente une véritable prison pour Bruce. Et l’atmosphère de solitude qui y règne
est accompagnée par une trame-sonore remarquable.
Whitewash est une comédie noire dramatique qui s'apparente
aux films des frères Coen. Si leur style vous attire, allez le voir dès que
vous pourrez. Aujourd’hui, ce film a permis au réalisateur de remporter le prix
Claude-Jutra 2014 qui récompense le « travail
exceptionnel d'un réalisateur ayant signé un premier long métrage. »
Photos de la première montréalaise (crédit photo Anna Li)