MARSHLAND (La Isla Minima) raconte l'enquête par deux policiers de la disparition et meurtre de deux sœurs adolescentes. Tout porte à croire qu'elles sont les victimes d'un tueur en série qui sévit depuis plusieurs années dans la ville.
MARSHLAND est un excellent film qui nous provient de l'Espagne. Il a raflé 10 prix lors de la dernière édition des Goya Awards (l'équivalent des Oscars).
Le 17 septembre 1980, en Andalousie, Espagne, Estrella et Carmen, deux sœurs disparaissent. Trois jours plus tard, les policiers Juan et Pedro doivent résoudre cette affaire. Ces filles ne sont pas aussi innocentes qu'elles le paraissent. Des photos à caractère sexuel sont retrouvées. Après avoir consulté une médium, ils se rendent dans une vieille ferme et trouvent une sacoche appartenant à l'une d'entre elles. Plus tard, leurs corps sont découverts dans un marécage. Elles ont manifestement été torturées et violées. Un lien sera fait entre cette enquête et une affaire non-résolue datant de quelques années où un pied avait été trouvé. Les enquêteurs devront trouver le tueur en série avant qu'il ne fasse une autre victime.
Ayant en trame de fond, une Espagne en période de transition politique (fin de la dictature de Franco et début de la démocratie), le récit n'offre rien de nouveau. MARSHLAND se distingue tout de même par sa cinématographie. Les prises de vues aériennes des marécages sont belles et ces derniers offrent un excellent décor pour la majorité de l'action du film.
Les deux acteurs principaux Javier Gutiérrez (Juan) et Raúl Arévalo (Pedro) donnent une interprétation juste de leur personnage. Les deux policiers sont aux antipodes tant au niveau de leur idéologies politiques que sur leur façon d'enquêter. Juan est toujours un sympathisant du régime de Franco. Il est un ancien agent tortionnaire de la police secrète de Franco et utilise la torture pour interroger les témoins. Pedro est beaucoup plus sympathique, veut une Espagne démocratique et veut clore l'enquête pour pouvoir retourner à Madrid où vit sa femme enceinte.
Le film reste nébuleux sur certains détails laissant le spectateur en tirer ses propres conclusions. Par exemple, il n'est jamais mentionné explicitement que Juan aurait le cancer de la prostate. Le spectateur le devine par le fait qu'il urine du sang, prend des pilules et lorsque la médium lui mentionne que ses jours sont comptés (on croit d'abord qu'il va mourrir durant l'enquête, mais lorsque le dénouement du film survient et qu'il n'est pas mort, on arrive à la conclusion qu'il a bel et bien le cancer). Un autre exemple est sa réaction lorsqu'un journaliste photographe arrive sur les lieux de la découverte des corps et le fait qu'il donne tout le mérite à son partenaire lors de la conclusion de l'enquête, on devine qu'il ne veut pas que sa photo fasse la une des journaux de peur que quelqu'un de son passé trouble le reconnaisse.
L'atmosphère générale du film est oppressante, presque dépressive. À titre de comparaison, il est similaire à Memories of Murder, un MUST du cinéma coréen ou plus récemment, la première saison de True Detective, sans en être aussi intense. Le film ne comporte pas de nombreuses scènes d'action. La poursuite de voiture magnifiquement tournée dans le point de vue du poursuivant est un des moments forts du long-métrage.
MARSHLAND est un film à voir dès que vous en aurez la chance.
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